En CNESST, la plupart des réclamations sont faciles à traiter. Cependant, certaines situations ne sont pas prévues spécifiquement à Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. Il faut donc interpréter la Loi : pas facile quand on n’est pas juriste! C’est le cas des réactions allergiques.
Maintenant, prenons un exemple précis. Vous êtes très allergique au poil et à la salive de lapin. Ne riez pas, cela est très sérieux! Vous travaillez dans un musée et vous effectuez des visites guidées pour des groupes d’élèves du primaire. Un jour, à la fin d’une visite guidée, les élèves viennent vous remercier un à un. Un peu plus tard, votre peau se met à enfler et vous avez le souffle de plus en plus court : vous êtes en train de subir une réaction allergique! Vous vous piquez avec votre Epipen et vous vous précipitez aussitôt à la clinique située de l’autre côté de la rue. Le médecin détermine que vous souffrez d’une crise asthme déclenchée par une réaction allergique. Il vous met en arrêt de travail pour trois semaines.
Pourtant, ce jour-là, aucun lapin n’était présent sur les lieux. Vous n’avez jamais eu de réaction au travail et vous n’êtes pas à votre première visite guidée avec des enfants, loin de là. Après des tests cliniques, votre médecin confirme que c’est l’allergie aux lapins qui a déclenché cette crise d’asthme. Vous apprendrez plus tard que le groupe d’élèves à qui vous avez fait la visite est une classe spéciale où les enfants s’occupent de lapins à titre de mesure éducative. Ils les prennent dans leurs mains et les poils se retrouvent sur les vêtements. Vous faites une réclamation à la CNESST. Pouvez-vous être couvert? La réponse est oui, mais selon des critères bien précis.
Entendons-nous. Il n’est pas question ici d’un accident au sens classique du terme. Il ne s’agit pas d’une blessure ou d’une maladie professionnelle. L’asthme déclenché par l’allergie aux lapins n’est pas une maladie prévue à la loi. Il n’est pas non plus une caractéristique ou un risque lié à ce travail. Donc, qu’est-ce que c’est ?
La jurisprudence indique qu’une aggravation ou une réaction à une allergie peut être un accident de travail lorsqu’elle résulte de modifications importantes aux conditions de travail, ou encore d’une situation inhabituelle ou exceptionnelle en regard de ces conditions. Il faut donc démontrer une relation possible entre la réaction allergique et les conditions de travail particulières ce jour-là. Il ne doit pas s’agir d’une pure coïncidence qui aurait pu survenir n’importe où et à n’importe quel moment.
Pour prouver cette relation, on ne doit pas se contenter d’un simple soupçon. On doit présenter des faits graves, précis et concordants. Le suivi médical contemporain concernant cette allergie revêt une importance capitale, tout comme sa manifestation dans le temps.
Ainsi, dans cette situation, le fait d’avoir été en contact avec des enfants manipulant des lapins et dont leur linge est porteur de poils sera considéré comme une situation inhabituelle dans le cadre de votre travail, s’assimilant à un accident de travail.
En conclusion, chaque réaction allergique est un cas d’espèce qui doit être analysé minutieusement. Si vous êtes victime d’une situation semblable et ne savez pas quoi en penser, communiquez avec nous!
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