Par Me Martine Desroches, Journal le Métro, 7 juin 2017
Par définition, une limitation fonctionnelle est une restriction ou une réduction de la capacité physique ou psychique de se comporter ou d’accomplir une activité quotidienne. Elle doit, en principe, avoir un caractère permanent.
En présence d’une ou de plusieurs limitations fonctionnelles, la CNESST ou la SAAQ doivent vérifier la capacité du patient à reprendre son travail à défaut, ils doivent l’aider à se recycler professionnellement par le biais de diverses procédures de réadaptation.
La prise de médicaments, notamment des opiacées ou toutes autres sortes de narcotiques vise à soulager et à améliorer la condition d’un accidenté pour le rendre plus fonctionnel, physiquement. À quel moment devons-nous conclure que la prise de ce type de médicaments constitue une limitation fonctionnelle? Le tribunal a eu à se poser la question récemment.
La notion de permanence de la limitation est souvent soulevée dans les débats juridiques, bien sûr on espère que la prise de cette médication ne revêt pas un caractère permanent mais pendant qu’on le prend, sommes-nous vraiment en pleine possession de nos moyens, peut-on assurer que nous ne présentons pas de danger pour nous, nos compagnons de travail, ou notre entourage?
Le Tribunal retient qu’il faut tenir compte en l’espèce des effets additifs de l’ensemble de la médication, du dosage et de la posologie fluctuante de celle-ci qui a des conséquences variables et ponctuelles sur les fonctions cognitives supérieures de l’accidenté. On doit tenir compte notamment de son état de vigilance, sa fatigabilité, sa capacité de concentration, sa capacité d’apprentissage, sa capacité de mémorisation, sa capacité d’exécution à la cadence souhaitée, etc.
Autrement dit, tout ça doit être vérifié avant de retourner quelqu’un sur le marché du travail, la prise de médicaments peut soulager la douleur mais ralentir nos capacités. Dans le doute, informez-vous!