Par Me Sophie Mongeon
Que vous soyez victime d’un acte criminel, d’un accident de la route ou du travail, personne n’est à l’abri des séquelles physiques et psychologiques qui peuvent persister.
Suite à un événement traumatisant, l’apparition des symptômes psychologiques ne se font pas toujours sentir dès le premier jour. Mais au fil du temps, les symptômes peuvent faire leurs apparitions suite à la persistance de la douleur, des inquiétudes et des difficultés.
Les premiers signaux d’alarme seront fréquemment les mêmes : fatigue, isolement, nausées, désorganisation, perte de mémoire, perte d’appétit, insomnie, etc… Il est très important dès lors d’en parler avec votre médecin. Plus tôt vous le signalez à votre médecin traitant, plus facile sera de vous soigner et de poser un diagnostic et d’en établir le lien de causalité avec l’événement.
Les diagnostics fréquemment émis par les médecins suite à une épreuve sont : le trouble anxieux, le choc post-traumatique, le trouble d’adaptation, une anxiété généralisée, la dépression, etc… mais tous peuvent être accompagnés d’un traitement pharmaceutique et un suivi avec un spécialiste.
Les traitements pharmaceutiques prescrits sont fréquemment les antidépresseurs. Votre médecin aura tendance à prescrire une médication générique, car les assurances favorisent de plus en plus l’usage des médicaments génériques en faisant valoir des avantages purement économiques. Dans l’éventualité où la médication ne produit pas l’effet escompté, le médecin pourra prescrire une autre médication, mais qui demandera une démarche de sa part auprès des la RAMQ pour une ordonnance d’une médication d’exception advenant que l’organisme ou votre assurance collective ne défraient pas les coûts. En plus de la médication, votre médecin peut vous référer à un psychothérapeute, travailleur social, ergothérapeute en santé mentale, un psychologue ou un psychiatre. Quelle est la différence entre ces spécialités?
Le psychothérapeute, le psychologue, le travailleur social etc sont des aides afin que la victime comprenne son état dans le but d’atteindre un mieux-être intérieur et une acceptation des événements. Ces professionnels soignent les symptômes du problème. Il travaille souvent en étroite collaboration avec le médecin traitant afin d’offrir un support régulier (hebdomadaire ou mensuel). Les frais de psychologies sont habituellement payés par l’organisme soit l’IVAC, la SAAQ ou la CNESST. Il suffit d’avoir un rapport médical avec un diagnostic et une prescription et parfois bonifier la demande par une explication de votre médecin en quoi s’est relié à l’événement. Vous en faites la demande à l’organisme. Les frais remboursés sont habituellement de 86,60$ par séance pour la SAAQ et 94,50 $ pour la CNESST. Malheureusement, les professionnels exigent plus que ce montant donc une somme pourrait être requise de votre propre budget.
Le psychiatre, quant à lui est un médecin. Il a étudié en médecine et a fait une spécialisation en maladie mentale. C’est le spécialiste qui peut appuyer votre médecin traitant dans un choix de traitements. L’analogie se fait au niveau orthopédique où votre médecin de famille fera les démarches de base mais devant la complexité de la condition, vous référera vers un spécialiste tel qu’un orthopédiste, un physiatre etc. Les frais sont payables par votre carte RAMQ, comme tout autre rencontre avec un médecin, à moins que vous le consultiez en clinique privé et qu’il ne participe pas au régime public.
Il arrive parfois, que les organismes étatiques tardent à rendre une réponse ou refusent. Afin de ne pas retarder votre guérison et / ou de démontrer l’urgence de votre besoin, voici deux options qui s’offrent à vous :
- Consulter dans une clinique privée. Vous devrez en assumer les frais, mais vous pourrez les réclamer lorsque l’organisme étatique aura rendu sa décision ou faire une réclamation auprès de vos assurances collectives, si vous en avez.
- Faire la demande auprès des instances publiques tel le CLSC qui est une des ressources gratuites. Il vous suffit de vous présenter au CLSC le plus près de vous avec votre prescription et d’en faire la demande. Ce service étant offert par le réseau public, il y a un temps d’attente donc le plus rapidement vous faites votre demande, plus rapidement vous aurez accès à des soins. Surtout, gardez une preuve de votre inscription auprès de cette ressource.
Souvent, en entrevue, les gens nous répondent qu’ils n’ont pas de traitements parce que l’organisme ou une assurance ne couvrent pas les frais. Notre réponse est que vous devez gérer votre dossier comme si vous aviez un diagnostic de cancer. Attendriez-vous que les assurances vous donnent l’aval pour recevoir des traitements? Non, vous feriez toutes les démarches dans le réseau public pour vous soigner. Il faut avoir cette même réflexion pour les problèmes psychologiques. Autre réponse que nous entendons est que l’organisme n’a pas informé que vous pouviez avoir accès à ce service. Vous vous attendez vraiment que l’organisme vous dise comment bonifier votre dossier ? Les organismes sont là pour indemniser selon les informations que vous leur donnez. Soyez alerte, prenez le contrôle et agissez! Les démarches que vous entreprenez démonteront le sérieux de votre condition.
En conclusion, vivre une épreuve difficile n’a rien de honteux. Ne soyez pas gêné et surtout ne craignez pas d’en parler avec votre équipe soignante afin de maximiser vos chances de vous rétablir complètement et obtenir les soins auxquels vous avez droits.
En cas de doute, consultez-nous!