Par Me Sophie Mongeon
Avez-vous profité du temps des Fêtes pour visionner ce film d’Astérix et Obélix? Si vous n’avez pas eu l’occasion on vous invite à la faire (durée 8 min) : https://www.youtube.com/watch?v=c45FtDhdDoY.
Pour accomplir la 8e épreuve, les Gaulois devaient obtenir un laissez-passer dans un bâtiment bureaucratique de plusieurs étages totalement désorganisé, nommé la « maison qui rend fou ». Pour réussir, Astérix a dû inventer une solution, soit la création d’un nouveau laissez-passer imaginaire! Toujours d’actualité, cela a été ma source d’inspiration pour la première infolettre de 2021.
Quelle année particulière! Malheureusement, plus de 1.5 million de personnes sont décédées durant cette pandémie. La santé mentale des citoyens a été mise à l’épreuve, mais aussi leur santé financière. Malgré que j’explique toujours à mes clients que nous ne pouvons pas redonner la santé, j’insiste sur le fait qu’il important d’avoir les ressources financières nécessaires pour se donner le temps de guérir et de se rétablir.
En temps de pandémie, le gouvernement a été généreux envers tous les citoyens, mais il semble que les accidentés aient été mis à l’écart. Par exemple, les accidentés du travail ou de la route n’avaient pas accès à la PCU puisque les indemnités de remplacement de revenu (IRR) ne sont pas considérées comme du revenu. Pourtant, les IRR sont basées sur 90% du revenu net et elles sont réduites pour tenir compte des impôts. Constatez-vous l’incohérence?
Ce n’est qu’un exemple des divers obstacles à surmonter pour les accidentés. Pour bien illustrer mes propos, je vous raconte l’histoire à peine romancée de madame Fortin.
- Il s’agit d’une jeune mère monoparentale victime d’un accident de la route. Elle consulte un médecin expert à la demande de la SAAQ. Elle reçoit, par la suite, un appel de son agent qui l’informe des conclusions du rapport d’expertise et l’avise que les indemnités cesseront dans quatre (4) semaines puisque l’expert la déclare apte à travailler et suggère un retour au travail progressif. On l’invite à évaluer les différentes options disponibles de retour au travail avec son employeur.
- Madame Fortin demande à son employeur si elle peut effectuer un retour au travail progressif afin de vérifier sa capacité à refaire son emploi, et ce, considérant la durée de son absence au travail. Elle obtient la réponse suivante : « Tu reviendras quand tu seras à 100 % ».
- Heureusement, madame Fortin a des assurances collectives. Elle présente donc une demande à l’assurance-invalidité. L’assureur décline sa réclamation en se rabattant sur l’opinion du médecin expert de la SAAQ qui déclare qu’elle est apte à refaire son emploi.
- Madame Fortin fait donc une demande à l’assurance-emploi maladie pour 15 semaines de prestations maladie, mais sa demande est encore une fois refusée puisque les indemnités ne sont pas des heures comptabilisées, ou en partie seulement. En effet, cela fait très longtemps que madame Fortin n’est plus sur le marché du travail.
- Devant l’ensemble de ces refus, madame Fortin fait une demande de prestations d’aide sociale, dont le montant est minime, avec un engagement de remboursement lorsque des revenus sont obtenus auprès d’autres sources. Un montant supplémentaire peut être accordé dans le cas de contraintes sévères, mais rappelons-nous que l’expert de la SAAQ a déclaré madame Fortin apte à occuper un emploi.
- Madame Fortin présente donc une demande à Retraite Québec, mais lorsqu’une personne est âgée de moins de 60 ans, obtenir une rente d’invalidité est extrêmement difficile. D’ailleurs, les chances sont que cet organisme s’appuie sur la même expertise de départ, soit l’opinion de l’expert de la SAAQ. Retour à la case départ!
Je me demande souvent comment le citoyen fait pour s’en sortir! Considérant tout cela, peut-on établir un parallèle avec la maison qui rend fou?
Malgré tout, il faut garder à l’esprit qu’Astérix a vaincu. D’ailleurs, un conseiller informera César du succès des Gaulois en invoquant que même Hercules lui-même n’aurait jamais remporté cette épreuve! Alors, si on peut survivre à une pandémie, on peut survivre à ce processus. Il y a toujours une solution!
Pour finir, je vous laisse sur ma citation préférée, laquelle est de mon propre cru :
« Quand la porte d’en avant est fermée, on passe par la porte d’à côté »
Résilience sera le modus operandi de 2021!