Une des réalités qui affectent les victimes d’accident du travail ou d’accident de voiture est qu’elles ne pourront peut-être plus retourner à leur emploi pré-lésionnel, c’est-à-dire l’emploi qu’elles effectuaient au moment de l’accident. Pour les aider à traverser cette nouvelle étape, la CSST a mis sur pied le service de réadaptation. Ce service n’est pas offert exclusivement par cette dernière, car il est aussi offert par la SAAQ mais est géré différemment.

Tout d’abord, il est important de saisir à quel moment la réadaptation fait son apparition au dossier de l’accidenté. Dès l’acceptation de l’événement par la CSST, le dossier sera pris en charge par un agent d’indemnisation qui se chargera de faire le suivi médical du dossier. Quand la lésion du travailleur sera considérée consolidée, c’est-à-dire dès que celle-ci aura atteint un plateau thérapeutique (plus aucun traitement supplémentaire ne pourra améliorer sa condition physique et/ou psychologique), différentes étapes amèneront l’agent d’indemnisation à rendre une décision concernant le pourcentage d’atteinte permanente et la description des limitations fonctionnelles. Dès que ces deux éléments seront établis, le service de réadaptation débutera. En outre, la contestation de ces décisions ne suspend pas l’arrivée de la réadaptation au dossier.

Le dossier est donc transmis à ce qu’on appelle communément un conseiller en réadaptation qui travaillera de pair avec l’agent d’indemnisation. Le travail du conseiller en réadaptation est de soutenir et d’aider l’accidenté(e) à, ultimement, retourner à son emploi ou à lui trouver un emploi ailleurs sur le marché du travail.

Dès l’assignation d’un conseiller à un dossier, une première rencontre est généralement fixée entre ce dernier et l’accidenté(e) et celui-ci pour établir le contact et avoir une vision plus claire du dossier. Le conseiller voudra confirmer certaines informations avec le travailleur; l’état de son suivi médical, sa scolarité, ses expériences professionnelles antérieures ou connaître quels sont les objectifs à court et moyen terme du travailleur. Cette première rencontre est souvent bénéfique puisqu’elle permet au travailleur de s’exprimer, de poser des questions sur son avenir et de mieux comprendre la suite des choses avec la CSST.

Il est important pour plusieurs travailleurs que le lien d’emploi avec l’employeur ne soit pas rompu, et ce, pour différentes raisons (ancienneté, assurances collectives, régime de retraite, etc). C’est donc pourquoi la CSST a pour but premier de retourner l’accidenté(e) chez le même employeur. Par ailleurs, si les limitations fonctionnelles émises sont incompatibles avec l’emploi, il sera important que le conseiller vérifie d’abord si l’emploi peut être modifié en tenant compte de la nouvelle condition physique et/ou psychologique du travailleur ou si un autre emploi/poste de travail peut être proposé/offert par l’employeur.

À cette étape, il est souvent pertinent qu’une visite de poste soit organisée par le conseiller en réadaptation. Une visite de poste consiste à se rendre sur les lieux de travail de l’accidenté(e) pour vérifier que l’emploi respecte ses limitations fonctionnelles ou pour établir quelles sont les autres options qui lui sont offertes (poste assis, travail de bureau, augmentation des pauses dans un quart de travail, etc.) C’est aussi le moment pour l’accidenté(e) d’exprimer ses craintes ou ses angoisses face à un retour au travail éventuel, puisque toutes les personnes concernées sont réunies pour éclaircir les étapes à venir. Il est pertinent de prendre en note que le travailleur peut être accompagné par son représentant légal ou sa technicienne juridique.

Lorsque le travailleur ne peut reprendre son emploi et que l’employeur n’a aucune alternative à proposer, le conseiller en réadaptation aura comme objectif d’aider l’accidenté(e) à cibler un ou des emplois ailleurs sur le marché du travail. Cette mesure est toujours une étape difficile à franchir puisque le deuil d’un emploi n’est pas une mince tâche pour certains travailleurs. Différentes options peuvent être offertes par le conseiller avant qu’il n’émette sa décision déterminant un emploi dit convenable.

Les travailleurs qui ont une expérience unique de travail ou ceux totalement démunis face à leur avenir peuvent être référés à un orienteur pour les aider à évaluer leurs besoins, leurs aptitudes, leurs habiletés, leurs intérêts, etc. Le tout se déroule en quelques rencontres et, par la suite, un rapport est transmis à la CSST pour que le conseiller puisse faire une liste de différents emplois qui pourraient correspondre aux champs d’intérêt de la personne accidentée.

Pour les travailleurs qui connaissent bien leur profil mais qui ignorent comment s’y prendre dans leur recherche d’emploi, il y a la possibilité d’aller consulter un conseiller en emploi. À l’encontre de l’orienteur, qui cherche à mieux saisir la personnalité et les intérêts du travailleur, le conseiller en emploi aidera celui-ci à trouver, comprendre et utiliser les différentes ressources qui lui sont offertes pour trouver des emplois sur le marché du travail. Également il pourra, lors de la rédaction de son rapport à la CSST, inscrire les emplois qui ont été retenus par le travailleur et qui, par le fait même, respectent ses limitations fonctionnelles.

Des formations ou des stages peuvent aussi être offerts au travailleur comme mesure de réadaptation.

Par la suite, le conseiller en réadaptation choisira, avec le travailleur, quel sera l’emploi convenable à déterminer au dossier. Il est possible que le salaire dudit emploi convenable soit inférieur à celui de l’emploi pré-lésionnel dans lequel cas l’agent d’indemnisation fixera également l’indemnité réduite à laquelle le travailleur aura droit à la fin de son année de recherche d’emploi.

Il est très important pour l’accidenté(e) de bien discuter avec son conseiller en réadaptation pour s’assurer de connaître toutes les options qui lui sont offertes et de bien comprendre les étapes subséquentes.

En dernier lieu, le conseiller en réadaptation émettra une décision concernant la capacité de travail de l’accidenté(e). Suite à l’émission de cette décision, le travailleur recevra ses indemnités de remplacement du revenu pour une autre année complète, puisque l’année suivant la décision est considérée comme étant une année de recherche d’emploi. Par la suite, les indemnités cesseront ou seront réduites et le travailleur devra voler de ses propres ailes. Cette décision doit être contestée par le travailleur ou son avocat dans les 30 jours suivant la date de la décision s’il est en désaccord avec le titre ou le salaire de l’emploi convenable déterminé.

En conclusion, le service de la réadaptation est un moyen pour les travailleurs de ne pas se retrouver du jour au lendemain sans emploi, sans salaire et sans connaissances sur le marché du travail actuel. Ce service est à la base structuré et simple, mais il serait utopique de croire qu’il est parfait et qu’il se déroule toujours comme prévu. D’ailleurs, il est toujours préférable pour une personne accidentée de se renseigner auprès d’un représentant légal pour s’assurer que ses droits sont respectés.

Rédigée par Marie-France Chayer

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