Il y a presque 30 ans je sortais de l’Ecole du Barreau diplôme en main. J’étais avocate.
Fière de mon parcours? Oui. J’avais beaucoup travaillé pour y arriver cumulant un emploi à temps plein et étudiant à temps plein en même temps. Est-ce que je savais quoi faire de ce diplôme? Non.
Travailler dans un grand bureau, dans un contentieux, parler d’argent, chercher une façon d’en faire plus, d’en payer moins ça ne m’intéressait pas vraiment.
Je viens d’une famille modeste, honnête de celles qui sont souvent sur la défensive face aux gens qui emploient de grands mots, face aux gens ou organismes qui ont du pouvoir. Je viens de ces familles qui craignent de se faire avoir, de se faire prendre. On m’a appris à être vigilante, à ne pas accorder ma confiance les yeux fermés.
J’ai eu l’opportunité en début de carrière de traiter des dossiers d’accidents de la route ou du travail. Ça a été un coup de foudre! J’allais pouvoir aider mes semblables.
J’ai eu l’honneur de représenter des travailleurs et des travailleuses accidentés, des victimes d’accidents de la route. Des gens bien, honnêtes, démunis devant tant de procédures, devant le pouvoir, et le beau vocabulaire de ceux qui leur retiraient l’argent nécessaire à leur famille, de ceux qui décidaient soudainement de l’état de leur santé, de leur capacité de travailler, de ceux qui minimisaient leurs douleurs. Des gens qui ressemblaient aux membres de ma famille.
Je les remercie tous de la confiance qu’ils m’ont accordée un jour. Ils m’ont souvent permis d’entrer dans leur vie, leur intimité et j’espère de tout cœur avoir été à la hauteur. Chose certaine, j’ai toujours fait de mon mieux pour aller leur chercher tout ce qui était possible dans le cadre des lois, de faire respecter leurs droits. J’ai été honorée de parler en leur nom.
Au fil des années, j’ai été moins en contact direct avec ces gens. Occupée à bâtir une équipe qui avait à cœur le bien-être de ces mêmes gens. J’ai formé près d’une vingtaine d’avocats et de techniciens juridiques qui, tous, ont veillé et veillent encore à ce que vous preniez des décisions éclairées, à ce que vous compreniez vos droits, à vous aider à tirer le meilleur parti des conséquences de ces malheureux accidents dont vous avez été victimes.
Chacun d’entre vous qui nous visitez aura été et sera traité comme un membre de ma famille, de notre famille. C’est le mot d’ordre dans mon équipe et je suis très fière de chacun d’entre eux.
Pourquoi je vous raconte tout ça aujourd’hui? Parce que bien que je fasse beaucoup de formation et de gestion, je garde l’œil sur l’ensemble des dossiers, sur nos clients. J’en rencontre encore quelques-uns chaque semaine.
Choquée, vous ai-je dit au début de ce billet, outrée devrais-je dire. Beau mot qui dans les faits veut dire extrêmement choquée par ce que j’ai vu récemment.
Des clients m’ont rapporté des contrats signés avec des représentants qui font le même travail que nous. Des tarifs de base acceptables, c’est vrai, des modalités de paiement extraordinaires qui feraient rougir tous les magasins de meubles du Québec, un pourcentage sur les gains plutôt salé mais surtout, surtout, des sommes d’argent importantes payables ici et là pour l’obtention de droits pour lesquels ces représentants n’auront pas à travailler plus. Plusieurs de ces droits sont un automatisme dans la Loi.
Plusieurs petits paragraphes cumulant des sommes futures à payer, s’ils obtiennent ceci ou cela… Attention, ceci ou cela est la suite, déjà prévue à la Loi, de l’élément initial débattu pour lequel vous avez déjà payé.
Loin de moi l’idée de vous laisser croire qu’être représenté n’est pas coûteux, non. Vous devrez débourser à un moment de votre vie où justement vos finances sont en péril, c’est vrai. Vous avez besoin d’aide, vous avez besoin de services légaux, nous vous en offrirons et vous devrez payer comme on paye, vous et moi pour tout ce dont on a besoin au quotidien.
Mais, s’il vous plaît, soyez prudents, soyez vigilants, questionnez et soyez certains de comprendre ce que vous signez, ce dans quoi vous vous embarquez!
Oui je suis choquée, triste aussi, tout le monde doit gagner sa vie, je ne vous apprends rien mais pas à vos dépens, pas en profitant de votre fragilité, votre manque d’instruction, d’expérience.
Je suis toujours, après 28 ans, motivée et emballée à l’idée de vous informer, de vous aider, de vous accompagner. Je souhaite que mon équipe et moi continuions d’être à la hauteur de la confiance que vous nous témoignerez.
Bonne journée!