Par Me Martine Desroches, Journal le Métro, 16 août 2017
Une enseignante du primaire sait qu’elle est allergique à différentes choses, notamment le pissenlit, les chats, etc. Elle souffre de sinusite, de rhinite, d’eczéma de conjonctivite à l’occasion et plus particulièrement à la rentrée chaque mois de septembre. Elle se soigne avec des antihistaminiques, des acétaminophènes, de la cortisone et de l’eau saline. Son dossier médical fait la preuve de tout cela.
En 2015, à la rentrée elle accuse des symptômes beaucoup plus importants. Dès le troisième jour de classe, elle remarque des plaques d’urticaire qui gagnent la surface de son corps, les plaies s’infectent, elle a beaucoup de démangeaisons, ses yeux sont bouffis, secs et elle a des difficultés à respirer.
Elle fera la preuve que, dans le cadre de ses fonctions, elle aide ses jeunes élèves à s’habiller pour la récréation, les accueille souvent avec un câlin, se place régulièrement au centre d’un cercle d’enfants pour donner ses matières. De plus, lorsqu’elle sort de sa classe, elle va mieux, tout comme les weekends où les symptômes sont grandement diminués pour ne pas dire disparus.
Le groupe d’élèves de l’enseignante compte 25 enfants. Elle décide de leur demander s’ils ont des chats. Il s’avère que neuf d’entre eux possèdent entre un et quatre félins. Qui plus est, les parents de l’un des jeunes font l’élevage de cette espèce.
L’enseignante fera une réclamation de lésion professionnelle à la CNESST qui refusera la réclamation, elle y indique que l’allergie au chat et l’urticaire ne peuvent être reconnues à titre d’accident du travail pas plus que d’une maladie professionnelle étant donné l’absence de relation entre son travail et ces diagnostics.
Après avoir entendu la preuve, le Tribunal est d’avis que les faits sont suffisamment graves, précis et concordants pour faire la preuve que les conditions dans lesquelles l’enseignante a travaillé ont occasionné une aggravation de son allergie au chat et une urticaire allergique.
Toute aggravation d’une condition personnelle dans le cadre du travail peut être réclamée à la CNESST. Dans le doute, informez-vous!