Victime d’un accident de travail ou d’automobile, vous êtes blessé à la colonne vertébrale. L’organisme le reconnaît, vous indemnise, reconnaît des séquelles et limitations fonctionnelles et vous soutient dans un processus de réadaptation. Jusque-là, tout va bien!
Comme tout le monde, vous vieillissez, votre corps aussi bien entendu. Un matin sans effort particulier vous vous réveillez avec une douleur amplifiée. Vous attendez, espérez que c’est temporaire, quelques jours passent votre douleur ne s’atténue pas, elle vous apparaît pire qu’au moment de l’accident, vous consultez votre médecin et après investigation il appert que la dégénérescence est plus présente, plus marquée ce qui explique entre autre la douleur et les amplitudes restreintes de mouvement.
À quoi doit-on attribuer ce soudain changement de votre condition vieillissement normal, fort possible, ou accélération du vieillissement causée par une blessure antérieure? Nous aimerions tous pouvoir être en mesure de faire le lien direct avec notre ancienne lésion, mais ce n’est pas si simple de faire le partage. Chaque individu de par sa morphologie, de son état de santé général, de son histoire familiale s’use à son propre rythme. Quand peut-on parler d’accélération et de relation claire. Les tribunaux ont eu souvent à s’interroger sur le sujet. Plus souvent qu’autrement les tribunaux ont refusé cette relation.
Récemment la CLP dans l’affaire Demers et Planchers MD enr., madame le juge Lucie Couture a accepté de reconnaître l’aggravation s’étant manifestée en 2012, bien que mineure, d’une dégénérescence discale, avec l’accident initial de 1988 soit 24 ans plus tard. M Demers a été victime d’un accident de travail en 1988 lui causant une entorse lombaire sur une condition personnelle de spondylosyse et spondylolithésis de L5S1. On lui octroie des séquelles découlant d’une instabilité lombaire. Il retourne au travail et en 1996 il demande à faire reconnaître une aggravation. Il se soumet alors à une intervention chirurgicale soit une greffe lombaire L5S1. La CSST accepte et augmente ses séquelles notamment dû au fait qu’il présente une limitation de mouvement de 15 degrés.
En 2012, les douleurs réapparaissent, les amplitudes de mouvements sont diminuées et une tomodensitométrie démontre une discopathie dégénérative à L3L4 et à L4L5. Le Tribunal retiendra que les modifications dégénératives avaient été aggravées et précipitées en raison de la greffe osseuse subie en 1996 suite à l’accident de 1988. Il motive le tout en se basant sur la littérature médicale expliquant la bio-mécaniAque d’une greffe lombaire sur les niveaux adjacents ainsi que sur les autres critères énoncés par la jurisprudence pour la reconnaissance d’une rechute, récidive ou aggravation.
Ça vaut la peine d’essayer, n’hésitez pas!
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